Qu’est ce qu’un disque conclusion ? C’est le mélange de tout ce qu’un groupe a créé avant celui-ci, c’est un album destiné à affirmer (affermir ?) sa personnalité avant une possible révolution interne ou une redondance désastreuse. « Hail to the thief » est le point, le regard de Radiohead sur sa carrière essentielle et quasiment parfaite (en oubliant les balbutiements de « Pablo Honey »), sur ses albums successifs, sur ses choix artistiques. Ils nous avaient promis un retour aux guitares et aux mélodies, ils nous offrent un opus long en bouche à mi-chemin entre les ambiances de Kid/amnesiac (« Blackdrifts », « The gloaming ») et les mélodies de Bends/Computer (« 2+2 =5 »). De plus, malgré son titre, « Hail to the thief » n’a rien d’un brûlot politique. Il n’est qu’un disque souvent très beau (« Sail to the moon »), parfois limite (le single « There there ») mais toujours émouvant, attachant et surtout honnête. Et là réside la force principale du groupe d’Oxford, dans cette capacité à conserver, malgré le succès et l’idolâtrie ambiante, une implacable humanité. « Hail to the thief » est un disque mutant qui exprime tous les doutes, simplifie les expériences passées pour mieux nous convaincre de la grandeur du cheminement suivie et aujourd’hui achevée (« Go to sleep »). Radiohead est peut-être le plus grand groupe de sa génération, en tout cas le plus esthétique et artistique, qui produit une musique tant cérébrale que physique, qui tente de construire sa pop comme un objet d’art muti-domaines (sons, images, lettres,...) au lieu de la regarder comme un simple médium transmettant du bonheur pour les adolescents qui n’ont pas vraiment accès aux différents univers artistiques. De tout cela, « Hail to the thief » est le résumé qui nous permet d’attendre la prochaine révolution silencieuse. C’est aussi un simple disque qui donne du plaisir à écouter. |