S’il fallait prendre un seul talent découvert en ce début d’année il est indéniable que ce serait Dombrance. Ce garçon au talent de mélodiste incontestable, au jeu de cordes vintage arrive allégrement à mettre du rap avec du rock, de la pop avec du classique bref à enfanter l’alliance de Docteur Dre avec les 4 Beatles. Voici donc une vraie réussite pour un album éponyme fourre tout et une sacrée carte de visite pour la suite.
‘Dombrance’ est il un collectif ou la voix d’un seul homme ?
Dombrance : « C’est la voix d’un seul homme qui aime bien s’entourer. C’est la raison pour laquelle j’ai déterminé de prendre un nom qui sonne comme un groupe. Je voulais un nom d’artiste mais aussi un patronyme qui fasse penser à un projet global. Rester nébuleux dans l’idée. »
Ce fameux nom de groupe qui ne veut rien dire en fait ?
Dombrance : « En fait, c’est l’anagramme de mon nom et de mon prénom. Ce qui me faisait marrer c’est de faire un « label » qui n’a aucune origine ni signification propre. »
Ton album sort aujourd’hui même, quelle est la sensation de l’artiste face à cette date importante ?
Dombrance : « C’est la réalisation d’un rêve. Je fais de la musique depuis pas mal d’années et c’est la concrétisation de toutes mes espérances personnelles d’artiste. »
On dit de ton album qu’il est « pop » mais on pourrait tout aussi bien le qualifier de rock, de rap, de classique etc ?
Dombrance : « Pop se réduit à une connotation musicale dans l’esprit des gens alors que je l’entends pour ma part plus comme « pop-art » : cet art qui mélange des références contemporaines pour ouvrir de nouvelles voies. Mes compositions sont des cadres pour des tableaux auquel je peux rajouter des influences, des couleurs, suivant le texte ou l’humeur de la chanson. »
D’où te viennent justement toutes ces influences ?
Dombrance : « D’un parcours musical particulier ! Dans le sens où j’ai commencé par le violoncelle dans ma jeunesse ensuite j’ai arrêté le conservatoire pour apprendre à manier la guitare et la voix dans un style plus rock. Passer de ces deux univers différents cela m’a formé à m’ouvrir à d’autres musiques. En faisant ensuite une école d’ingénieur du son ça m’a ouvert les portes à la soul, le hip-hop ce qui m’a donné une vision très large de ce que l’on peut faire. »
Tu as démarré ton apprentissage musical grâce au violoncelle qui est un instrument romantique, comment fait on pour ensuite virer de bord ?
Dombrance : « Je crois que c’est l’arrivée dans l’adolescence qui m’a fait découvrir des groupes comme Pink-Floyd ou Led Zepplin. C’est à ce moment là, comme beaucoup d’autres, que tu as envie de laisser tomber le conservatoire qui est très rigide pour prendre une guitare pour jouer dans un petit groupe de garage. »
Ton album à une tonalité ouverte, chatoyante ?
Dombrance : « En écoutant les productions françaises aujourd’hui ce que je trouvais intéressant c’est que justement j’allais vers des lieux où personne ne va actuellement avec des trucs très léchés et bien produits. J’ai pris le parti de me dire : « on est en studio, éclatons nous, je vais aller au bout de mes envies sans me brider ». Ce qui est marrant c’est que sur scène avec mes 4 musiciens c’est beaucoup plus simple et énergique. »
C’était important de faire une tournée de bars avant que ton album sorte ?
Dombrance : « Oui pour 2 raisons. Déjà cela me permet d’assumer encore plus mes chansons et surtout le fait de faire des petits clubs où je pense que personne ou presque ne me connaît cela crée une identité concrète sur ma personne. C’est un défi à surmonter. J’adore l’idée de capter les gens sur mon travail par la scène. De toute façon jouer reste le moyen de promotion le plus sain. Aujourd’hui l’on capitalise sur une accumulation d’images avec une grosse présence en télé et radio. Pour ma part je ne pense pas que ce soit là que les choses se passent. L’industrie musicale peut être super fun. Le marketing, la promo peut se faire de façon intelligente et réfléchie avec un lien vers l’artistique. »
Mélanger l’anglais et le français sur l’album c’était une obligation culturelle ?
Dombrance : « Cela représente exactement ma façon d’écouter de la musique. J’avais envie de faire un mariage où je pourrais étaler toutes mes cartes plutôt que de me frustrer en refusant un côté de ma personnalité. Pour ce premier album je tenais à poser les bases pour la suite.»
Tes chansons en anglais sont plus académiques et florissantes alors que les chansons en français prennent des allures de balades ?
Dombrance : « C’est vraiment du à la langue. Le verbe français et anglais c’est similaire au violoncelle et à la guitare électrique ! (rire) Ce sont des instruments distincts que tu ne peux pas employer de la même manière. J’adore poser mes mots en français d’une manière folk, beaucoup plus intimiste alors qu’en anglais on peut tenir les notes, elle appelle plus au lyrisme.»
L’influence de Randy Newman t’as beaucoup aidé ?
Dombrance : « Ce qui m’a plu chez cet artiste c’est le décalage entre ses textes et sa musique. J’aime bien ce côté cynique, ce ton particulier. Sur ‘I’m Down’ j’ai justement essayé de rechercher une musique positive avec un texte assez noir. »
Passer de « Je marche sur la Tête » à « Uncle Henry » pourrait amener à dire du disque qu’il est un ovni non identifié et surtout non identifiable ?
Dombrance : « Pour moi ce serait plutôt un gage de réussite. Finalement c’est ce qui serait le plus intéressant dans ma carrière. Aujourd’hui on veut tout cataloguer, la rébellion face à la musique ne passe plus par le pétage de plomb dans le micro façon punk, moi je veux juste naviguer dans tous les styles musicaux en espérant que cela puisse toucher les gens. On peut me taxer d’opportuniste mais je reste persuadé que l’on peut mélanger les styles dans un mélange improbable entre de la pop et du rap.»
Une seule des chansons de ton premier album : « All The Stars » est de toi entièrement ?
Dombrance : « Je pars comme principe de tout donner pour une chanson. J’essaye de mettre mon ego de côté. Le truc hyper important c’était que les chansons soient les meilleures possibles, donc dés que je sentais une limite quelque part j’allais demander conseil ailleurs. Sur les textes ou les programmations par exemple. Dans le seul but de trouver quelque chose de « mieux ».»
Est ce que tes études d’ingénieur du son t’ont aidé dans la réalisation de cet album ?
Dombrance : « Cela m’a servi pour prendre du recul sans m’insérer dans le travail de Clive Martin mon producteur. Pour le dernier album de Charlélie Couture j’avais justement ce rôle de producteur ce qui m’a permis de concevoir le fonctionnement d’un artiste ! il y a un équilibre à trouver dans la confiance respective. »
Vers quel « son » vas tu partir à l’avenir ?
Dombrance : « J’aimerais partir vers une sorte de comédie musicale. Un délire sur « Jim Profit » la série américaine sur un psychopathe passée sur Canal Jimmy. J’aimerais faire un album concept mais laissons déjà le temps d’installer ce premier album. »
Pierre DERENSY |