Depuis le premier essai réussi (« Welcome to the modern dance »), Venus a évolué, a dévoilé ses ambitions à la démesure de son talent. De la pop, il ne reste sur « Vetigone » que quelques bribes parsemées ("Beautiful day"), quelques traces poussiéreuses largement enfouies sous des couches de cordes, d’arrangements somptueux que le live « The man who was already dead » nous avait permis d’entrevoir. « Vertigone » fait souvent penser, autant au niveau du titre que dans sa structure au « Vertigo » d’Hitchcock. Avec ses escaliers sonores en colimaçons, sa simplicité dans la façon d’emmener la beauté ("Navajo dream"), le vertige, ces faux-semblants et les confusions qui en découlent ("Litle hotel"). Quand on ne pense plus à « Vertigo » c’est vers une cathédrale aux milles vitraux qu’on se tourne ("Kallenovsky"). Album de la profusion, de l’intensité mélodramatique jusque dans ses moindres recoins, « Vertigone » possède plusieurs niveaux de lecture, aboutissement d'une entreprise de démolition et de reconstruction de la pop symphonique par Venus ("Wanda wulz", "Asia"). Jusqu’à présent, nous avions associé Venus, à une certaine scène Belges qui de Deus à Soulwax tordait la pop pour en faire une sorte de monstre génétiquement modifié autant efficace qu’atypique ("Running at full speed"). Avec « Vertigone », Venus ne pourra plus être comparé à ses faux amis tant le groupe de Marc Huygens s’éloigne des rivages rassurants de la pop pour entrer dans un univers de conflits, de mélanges, de brouillages des pistes. Ils en sortent grandis avec un disque vertigineux. |