Le revival post-rock, c’est à dire ce mélange entre un punk minimal et un funk roide, a donné un sérieux coup de fouet à la musique des cinq dernières années. On ne compte plus les groupes qui, de Radio 4 à Hot hot heat en passant par les Rapture, nous ont offerts des albums euphorisants, planants, sexy, plein de verve et de beats. Des albums aux succès mérités qui ont permis le retour des oubliés et pourtant importantes ESG, groupe féminin mythique du début des années 80 pour qui la musique en plus de posséder une forte connotation de plaisir et obligatoirement politique car une poignée de jeune fille black de Bronx qui enregistre avec Martin Hannett un disque de punk-rock sombre et séminal avec ses rythmes funk et martiaux, au tournant des années 80, ce n’est pas rien. Et si, plus d’un quart de siècle plus tard, elles reviennent avec « Keep on moving », c’est peut-être moins pour marquer la musique d’une nouvelle légende, mais pour s’éclater à l’idée de montrer qu’ESG est un défi au temps comme à l’espace (« Everything goes », « Insane (Bass mix) »). Classique disque de post-punk, « Keep on moving » est diabolique car séduisant par ses épures perverses (« I’d do it for you ») et ses rythmiques toujours minimales (« Purely physical »), par les reflets déformants de son époque. Pour tout cela et pour bien d’autres choses encore, ESG est une claque à la bienséance et à la lassitude. Que vive encore longtemps ESG. |