La musique d’Emilie Simon résonne dans nos têtes comme l’image d’un geyser. Sous la couche de neige, blanche, virginale, l’eau bout, chauffe au-dessus de points chauds éparses. Souvenir magique de celle qui est devenu une référence éblouissante en un seul petit album d’une irréprochable qualité. Qui, alors, aurait pu mieux qu’elle, accompagner un documentaire sur le Manchot empereur avec ses images d’étendues immaculées et aérées. En se laissant porter par ces sons froids, quasi glacials, on pénètre littéralement, en claquant un peu de dents, dans le monde non seulement des manchots empereurs mais aussi d’Emilie Simon, devenue l’espace d’une heure, l’impératrice des sons venus du froid (le magnifique « To the dancers on the ice »). Devant une bande originale, les amateurs de pop ou d’électronique ne peuvent souvent que rester perplexes tant cet exercice échappe aux formats et peut se révéler plus que vain. C’est surtout là qu’Emilie Simon impressionne, par cette façon de transformer une bande originale pour un documentaire dont on attend que peu de chose, en un disque, qui s’il n’est peut-être pas son véritable deuxième album, est un disque parallèle d’une réelle grandeur électro-pop (« The frozen world », « Songs of the storm » ou encore le bonus « Ici girl »). A la manière d’Air pour « Virigin suicides » ou Bjork avec « Selma’s songs », « La marche de l’empereur » est plus qu’un simple accompagnement sonore même de toute beauté, c’est vrai disque d’une artiste qui confirme ici tout son talent pour transformer en or la moindre parcelle de plomb, une artiste qui confirme tout son génie. |
