Je l’ai déjà dit plus d’une fois mais Bruno Caliciuri a un profil napoléonien. Un de ces commandants de bord qui regarde droit et fier face à la bataille. Par bravade, par provocation, par amour du public, cet énergumène se met les foules dans la poche et combat la fadeur triste d’une chanson française morne. Avec sa personnalité mixte qui pourrait se situer entre les fastes de la grande armée et la déroute anglaise, il était normal que pour transformer l’essai de « L’Amour Parfait » ce sportif sudiste aille provoquer à nouveau la réussite sur les terres hospitalières de la perfide Albion. Plus précisément en Irlande. Pour goûter l’air marin, trouver l’inspiration et voir les fantômes bien vivants de l’un de ses groupes mythiques. Rencontre à bâton rompu dans les locaux de Virgin.
Je voulais commencer par ton teeser pour la sortie de l’album. Je trouve que finalement c’est normal de t’avoir refusé la diffusion de « la fracture sociale », car si on regarde la pub, on se rend compte qu’elle est effectivement fausse : tu n’es pas un menteur et contrairement à un homme politique tu dois bien être le seul à pouvoir réduire la fracture sociale en 100 jours car tout le monde t’aime ?
Cali : « (rire)Tu parles d’une connerie ! Il y en a pas un ici, chez Virgin, quand on a fait ça qui a pu imaginer que ça craignait du boudin ! Pour nous c’était comique. Quand nous avons reçu ce communiqué de refus nous étions estomaqués. Là il y a des radios qui se sont mobilisées pour le passer sans l’image, certaines télés l’ont tout de même passé, tout le monde en a parlé et tout le monde le cherchait sur le net pour le voir. Donc merci super ! Ca été parfait mais ils ont montré leur connerie. Ce qui fait peur c’est de se dire que si ce petit teeser est refusé qu’est ce qu’on nous cache de plus gros ?»
Tu me disais que tu voulais profiter du succès de ton premier album avant de reprendre la route du studio et finalement beaucoup plus vite que prévu est arrivé « Menteur ?
Cali : «Ca se fait que la tournée s’arrêtait plus. On ne voulait pas s’arrêter pour tout te dire. On a démarré, tu t’en souviens dans des salles de 20 à 25 personnes, avec le succès de l’album ça a grossi, ensuite sont venus se greffer à ça les festivals d’été, aux vieilles charrues il devait y avoir 60 000 personnes. Là tu prends, tu prends tout ce qu’on t’offre tellement c’est beau et tu t’arrêtes plus de prendre. On est parti au Canada avec Julien mon pianiste pour faire une tournée de cabaret sous la neige : c’était génial ! Après cette expérience je n’en pouvais plus : je voulais avoir du temps pour ma famille qui m’avait soutenu, je désirais m’arrêter un moment, au bout de quelque jours j’étais déjà comme un lion en cage. J’avais écrit des chansons sur la route, j’ai continué d’écrire en janvier pour rappeler aussitôt la maison de disque en demandant de repartir sur un autre disque.»
Tu voulais battre le fer pendant qu’il était chaud ?
Cali : «Tu sais on commençait à me parler de ce break, de la réussite du premier opus, j’aurais pu gamberger mais je n’ai pas eu de pression finalement car la pression se serait installée si je n’avais pas vendu d’albums. Là je suis un enfant gâté. Je peux faire ce que je veux quand je le veux. A partir du moment où tu fais un album qui te plait, que tu es honnête avec toi même : tout ces poids tu les envoies balader. Si il se vend tant mieux, sinon tant pis. A partir du moment où tu ne t’es pas trahi…»
Tu es étonné toi-même du succès de « L’amour Parfait » ?
Cali : «Nous avions tablé que si nous en vendions 7 000 ce serait très bien. Quand on est arrivé à 50 000 on était tous vert. Là on a réellement passé un cap. Ensuite est arrivé le disque d’or pour être à 500 000 aujourd’hui. Ce qui est important c’est de réaliser la difficulté d’en vendre 1 000. Les disques de mes groupes avant j’en vendais 200, 800 maxi. Là tu dois relativiser. « Menteur » part sur les mêmes bases. J’en suis à 70 000. Certains voudraient que ça aille encore plus vite. Mais j’ai tout mon temps. En rentrant en studio j’ai surtout voulu garder le vent du boulet qui nous agitait avec les musiciens sur la tournée, tout ça pour garder la gnack comme si l’on sortait de scène.»
Tu m’avais dis que pour le premier tu avais beaucoup de chansons et que tu n’en avais gardé que quelques unes, est ce qu’ici pour « Menteur » c’est identique ?
Cali : «J’avais 34 chansons pour ce disque. Il y en a qu’on a enregistrées qu’on posera sur le net. J’adore cette idée de ne rien dire à personne et d’offrir ça aux gens qui passent sur le web. Après j’ai aussi d’autres idées, avec d’autres supports. Par exemple mon titre « L’Exil » je l’ai enregistré avec 43 musiciens classiques, j’ai une furieuse envie de le sortir un jour dans un beau coffret. Non pas pour qu’il soit cher et que je m’en mette plein les poches mais uniquement pour faire un bel objet, avec la collaboration d’un écrivain du sud qui témoigne sur le sujet, des photos de cette période. Ce sont des idées qui arrivent. J’ai aussi fait une chanson «L’Avortement» qui était trop violente au niveau texte pour la mettre sur l’album. Elle est très pop mais difficile à placer. Je vais essayer aussi, avec toutes ces matières qui sont cachées, de les faire passer sur scène.»
«Qui se soucie de Moi» dès le départ du disque ce n’est pas un bande mou pourtant qui peut démarrer là dessus ?
Cali : «Daniel Presley est venu écouter ça chez moi. Je l’avais fait guitare-voix après un mois intensif d’écoute de Johnny Cash. Il m’a dit tout simplement qu’elle était belle cette chanson mais qu’il la verrait plus dans le style de «Born To Run» : euphorique à la Springsteen. Le soir même on a écouté le Boss, on a bu du pinard et vraiment le lendemain elle est devenue ce que tu entends sur le disque. Il y a 2, 3 chansons qui étaient plombées sur lesquelles on a réussi à donner une âme plus forte.»
Sur le DVD accompagnant l’album on remarque que l’enregistrement fut un vrai plaisir mais Daniel Presley semble t’avoir poussé dans tes retranchements beaucoup plus que pour le premier disque ?
Cali : «Ouais ! On est vraiment très proche. On a encore bossé hier pour une musique de film. Sur l’album il a d’ailleurs poussé tout le monde très loin. C’est un mec très gentil mais très rigoureux. Ce qui peut être déstabilisant. L’avantage de quelqu’un de très dur comme lui, quand il te fait un compliment tu te le prends au quintuple. Parfois je te jure qu’il m’a massacré. Le mois de Juin 2005 je croyais qu’il avait duré 2 ans dans ma tête. Psychologiquement il m’a bousculé, je n’arrivais pas à finir le disque. Le jour où je lui en ai parlé il m’a répondu «Le disque est terminé». Et là whaou l’éclaircie totale !»
Est ce que c’est pour ça aussi que tes deux studios étaient des maisons où il faisait bon vivre, pour contrebalancer les séances de travail éprouvantes ?
Cali : «Je ne savais pas à quoi m’attendre. Je n’y connais rien aux techniques d’enregistrement. Quand on m’a demandé où je désirais enregistrer j’ai répondu l’Irlande parce que c’est un beau pays. On s’est retrouvé dans un manoir du XVIIème siècle. Ce qui m’a touché c’est qu’il y a une âme qui transparaît sur le disque. Quand j’étais gamin je me demandais toujours pourquoi ces groupes allaient enregistrer à l’étranger. Je me disais que c’était pour faire les malins. Mais non, quand tu vas dans un endroit particulier la chanson est la même mais il se passe un truc de magique indéniable. Ensuite nous sommes partis dans un mas au dessus de Perpignan et là pareil ! je me souviens d’une petite colline où tu voyais un paysage merveilleux. Comment veux tu ensuite que le disque ne soit pas fort !»
Est ce que la rencontre avec Steve Wickham des Waterboys était la pierre angulaire qui allait faire monter l’édifice?
Cali : «Il a tout changé ! C’est un magicien. Je voulais le son de Steve Wickham sans jamais imaginer l’avoir personnellement avec moi. On lui a pourtant fait parvenir mes chansons. Il m’a répondu en me disant que cela lui plaisait beaucoup et qu’il était ok pour participer à l’enregistrement. 2 jours avant de rentrer en studio, j’ai rencontré Mick Scott et Steve pour un concert du groupe. J’étais surpris que Steve semble presque flatté de venir jouer pour un petit français. Ce mec c’est du délire. Il est arrivé à la tombée de la nuit, très fatigué et ne devait jouer que le lendemain. Pourtant il a voulu écouter «Fin du Monde » tout de suite car je ne pensais faire que celle là avec lui. Il a commencé à me dire qu’il était ok pour jouer de la mandoline, du banjo sur d’autres titres. Il est même venu à Perpignan avec ses instruments.. Tu sais, il est tellement haut, au dessus du lot, que tu dois hisser tes compos à son niveau. Ces chansons existeraient sans lui mais là elles ont la plus belle robe.»
« Pauvre Garçon » le duo de « Menteur » tu l’as offert à Daniel Darc et tu aurais aussi voulu chopper Patti Smith ?
Cali : «Ca a failli se faire. Elle était à Londres à ce moment là. Moi je voulais soit Daniel soit elle, le soucis qui s’est présenté c’est que dans le premier texte de «Pauvre Garçon» j’avais écris ‘Tu as cru à mon Cancer, ma chérie ne m’en veut pas’, en voyant ça elle m’a répondu qu’elle ne voulait plus rien à voir avec le cancer qui avait marqué sa vie. Malgré le fait que je me suis immédiatement empressé de changer ces paroles ce duo est tombé à l’eau. Daniel quant à lui, on s’est vu plusieurs fois aux concerts, il s’est passé un truc entre nous. C’est quelqu’un de très grand et de très fragile. Ce qui me touche chez lui, c’est que tu te rends compte que la vie peut s’arrêter d’un coup, quand tu le vois tu te dis que tout est sur le fil.»
Je connais ton goût pour la lecture, « Menteur » doit beaucoup à Diastème et son « 107 ans » ?
Cali : «’107 ans’ c’est un livre que j’ai lu fin d’année dernière, aussitôt le livre terminé j’ai écrit ‘Je ne vivrais pas sans toi’. Ce bouquin est renversant, très cru, je le conseille à tous.»
Il y a 2 Cali sur cet album, le frondeur de « Je ne Vivrais pas Sans Toi » ou « Je te Souhaite à Mon pire Ennemi » et le très émouvant qui chante « Je Sais » ou « Roberta » comment l’un fait il pour vivre avec l’autre ?
Cali : «L’un rattrape l’autre (rire). Dans ‘Je Sais’ j’écris ma vie. Cela ne devait pas être une chanson. Elle devait sonner au départ d’une manière très pop, finalement à quelques heures de l’enregistrer j’ai voulu coller au plus près de l’une de mes chanson fétiches qui est ‘Voir un Ami Pleurer’ de Brel. Je l’ai construite identiquement. Le piano au début, Brel fait rentrer une flûte traversière, moi j’ai voulu inclure un mélotron, ensuite l’orchestre arrive un peu comme de la fumée autour de la forteresse, enfin l’orchestre s’arrête et tout se termine comme l’introduction c’est à dire au piano. Ce titre est vraiment important pour moi car il est très imagé, je cache dedans des paroles que je n’ai pas réussi à dire vraiment.»
Et cette «Roberta» elle existe ?
Cali : «Oui ! elle habite dans mon village. J’ai juste changé le nom. L’histoire est vraie, quand son mari est mort, 6 mois après elle s’est mise avec un jeune de trente ans. Le délire c’est qu’elle monte sur sa mobylette avec son mec, qu’elle ne se cache pas, ils se roulent des pelles sur la place, elle fume des pétards (rire). Avec son sourire elle m’a dit qu’elle avait été hyper loyale avec son mari dans sa vie et elle continue d’être loyale avec la vie maintenant. Elle veut juste profiter des quelques années qui lui restent sans qu’on l’emmerde. C’est l’hymne à la vie absolue. Sur scène ce morceau fonctionne très bien.»
Mettre la chute de «Je te Souhaite…» c’était osé ?
Cali : «Je ne voulais pas la mettre : «Je suis le veuf d’une traînée qui n’est pas encore morte ». Il n’y a pas de rancœur dans cette phrase. C’est juste la description totale du désespoir. Je pense que lorsque tu es vraiment au fond du gouffre, tu es capable d’avoir des pensées pareilles et tu es aussi capable de les prononcer. Ce qui me plait c’est de le mettre en début de concert. Et c’est terrible car la première phrase que je dis aux gens qui viennent bien souvent pour nous aimer, c’est celle là. A un moment je démarrais mes sets par «Je suis une pute». C’est terrible et en même temps tu accroches tout de suite ton auditoire.»
Dans « Le Vrai Père » tu mets beaucoup de ton histoire personnelle, je présume que dans les autres aussi, penses tu parfois à tes interlocutrices ou à celle qui est visée, qui n’a pas la chance de pouvoir s’exprimer tout comme toi à la face du monde ?
Cali : «Je suis d’accord avec toi. Quelque part c’est faux cul. Nous ne sommes pas sur le même terrain. Ca m’éclaterait qu’elle puisse le faire. Qu’elle me raconte sa version des faits. Tu sais quoi je lui proposerais ! je me demerderais pour médiatiser sa réponse si elle est d’accord. Quand elle est venue me voir elle m’a d’ailleurs dis que cette chanson je n’aurais pas du la mettre. Je ne voulais pas lui faire du mal mais bizarrement, j’ai eu un petit rictus car si ce titre l’a autant touché c’est que certainement il était bien écrit. Je n’ai rien contre elle, j’en veux surtout à la justice qui a décidé de me couper de mon môme.»
Justement, ton album débute par « Qui se Soucie de Moi » et se termine par « Le Vrai Père » ou tu parles ouvertement de cette souffrance de l’absence et du manque de reconnaissance paternel, penses tu faire avancer les choses et en as tu déjà eu des échos via ta journée « papa = maman » ?
Cali : «Tu ne peux pas savoir comme j’en veux a la justice. La manière dont elle traite les dossiers je trouve ça inhumain. Tu galères des vies entières, en tout cas moi j’ai mis des mois et des mois pour faire le dossier afin d’avoir le droit de voir mon enfant. Quand je baissais les bras (parce que c’est facile d’abandonner) j’ai eu heureusement des gens qui m’ont aidé à me battre jusqu’au bout. C’est trop facile de dire qu’un père démissionne. Pourquoi il part à un moment donné : tout simplement car on lui donne toutes les raisons de le faire ! Le mec, croit moi, il ne part pas faire la fête avec le sourire aux lèvres. C’est salaud d’utiliser cette expression !»
Est ce que cette mésaventure t’a fait douter pour redevenir papa ?
Cali : «Oui ! mais tu sais je ne parle pas pour moi avec ces chansons. C’est juste que c’est dégueulasse de savoir que des juges en quelques minutes peuvent te dire que tu ne verras pas ton môme. On est en train de monter un comité d’études de gens qui pourraient amener un projet de loi. C’est peut être utopique mais pourquoi la garde alternée ne serait-elle pas décrétée d’office et ensuite seulement si problème, étudier au cas par cas la situation. Parce que là le hic c’est que c’est forcément l’homme qui doit se justifier. Je veux bien qu’il y a quelques années le père était à la mine, à l’usine ou au champs et qu’il rentrait à 10 h du soir pour repartir à 5 h du matin en laissant la mère s’occuper des gosses. Mais ce n’est plus le cas du tout ! Aujourd’hui on sait nous aussi changer les couches. J’ai discuté avec le comité des Chiennes de Garde qui me disaient qu’il ne fallait pas séparer une mère de son enfant : mais merde ce n’est pas ça qu’on demande. L’égalité des sexes faut aller jusqu’au bout du truc.»
«Le Vrai Père» est une réussite pour cette cause ?
Cali : «Je voulais faire le contre-pied avec le premier album qui est un album sombre qui finit avec une lueur d’espoir. Alors que là c’est une histoire qui finit mal.»
En écoutant « Menteur » on se rend compte de ta grande qualité de mélodiste, je pense que personne ne t’a jamais demandé d’où venait ta formation musicale : tu es un autodidacte ou tu as suivi une formation pour pouvoir mélanger si finement les cordes et les ritournelles pop ?
Cali : «Rien ! je suis entièrement un autodidacte. J’encourage d’ailleurs tous les autodidactes à ne pas perdre confiance ! (rire) Je me suis souvent traité d’imposteur moi-même. Quand je suis arrivé dans la musique avec « Pénétration Annale » mon premier groupe à 17 ans pour pousser des cris, je voyais des potes à moi qui faisaient le conservatoire. Quand j’ai vu que j’arrivais à trouver des engagements sans être vraiment « un musicien » j’en avais honte ! Je commençais à jouer tandis qu’eux n’avaient aucune date. Il m’a fallu longtemps pour prendre confiance en ma manière de faire de la musique. J’ai eu besoin de Daniel Presley, d’autres guitaristes pour me rendre compte que j’avais un truc à moi. J’arrive à faire à la guitare des trucs que personne ne pourrait faire car c’est made in Cali ! (rire) Le piano pareil. J’ai appris seulement la clé de sol et celle de fa pour déchiffrer du Tom Waits et apprendre sur du Tom Waits. Le principal pour moi c’est de jouer très bien mes morceaux (rire). Je voudrais faire comprendre que ce n’est pas la musique qui est importante c’est la passion. On peut faire un super album avec des chaises et des mecs qui tapent sur des poubelles. Si ta chanson tient la route, c’est là que tu trouves des musiciens de renom comme chez moi Aude Massat ou Julien Lebart. Ce sont eux qui habillent ma chanson.»
L’album est une suite logique à « L’amour parfait », est ce que tu as eu peur à un moment de tomber dans l’erreur de vouloir absolument tout changer pour qu’on ne te taxe pas de faire éternellement la même chose ?
Cali : «Je n’ai pas voulu contrecarrer quoi que ce soit. J’en ai d’ailleurs parlé avec Dominique A qui n’a pas du tout le même rapport au succès que moi. Chez lui quelque part si ça marche c’est chiant, c’est un peu se tirer une balle dans le pied. Moi je pars du principe qu’il ne faut pas se poser de questions. Ce que je veux c’est qu’à l’instant T où tu enregistres l’album, celui-ci te corresponde totalement sans chercher à flouer la photographie. Cela doit correspondre au passage de ta vie.»
Tu as donné quelques concerts avant de prendre la route en janvier, c’était pour te rassurer ?
Cali : «Je trouvais absurde de sortir un album sans faire de dates. C’est très con qu’il faille attendre quelques mois avant de monter sur scène : en tant qu’artiste tu as déjà l’attente du disque qui doit sortir quand toi tu as les bandes depuis longtemps, tu es fébrile de savoir ce que les gens en pensent…»
Justement, je te coupe mais tu tenais aussi à ce que l’album soit disponible pour tout le monde à la date de sortie sans dérogation pour les médias ?
Cali : «Certains l’ont eu avant mais ce que j’ai dit à la maison de disque c’est qu’ils nous font un pataques pour le copy-control et tu les vois balancer des promotionnels un peu à tout le monde. Ce n’était pas contre la copie car je m’en fous qu’on le copie mon album ce qui m’aurait emmerdé c’est que le disque sorte un mois avant sur le net. Je voulais privilégier le jour J de la sortie. Je suis comme tout le monde, je sais que c’est important d’attendre, à poireauter devant la porte de ton disquaire pour enfin avoir l’objet définitif, si tu as déjà entendu le disque 10 fois sur ton ordinateur cela perd de son charme.»
Tu te sers bien d’internet ?
Cali : «Le 03, le jour de la sortie je suis allé sur le net pour voir les réactions. J’étais super content de lire mon blog. Je t’en parle et (il me montre son bras) j’en ai encore des frissons. Là je me suis dit qu’il fallait rapidement monter sur scène. C’était super chaud car il fallait monter tous les titres en très peu de temps. Avec l’Olympia 3 soirs de suite. Je n’arrive d’ailleurs à réaliser tout ça que maintenant. L’Olympia pour moi c’est Brel, c’est Piaf… »
D’ailleurs, tu fais l’Olympia et tu te pêtes le ménisque, qu’est ce que tu vas faire pour éviter de finir en mille morceaux fin 2006 ?
Cali : «(rire)Quelque part c’est pas mal. Je crois aux signes. C’est un signe qui te dit que tu n’es pas invincible.»
???
Cali : «Systématiquement je dois sortir de scène épuisé et blessé. Je me suis déjà niqué le pied, j’ai des coups partout. Je compare ça au rugby quand je jouais, je fini les concerts dans le même état. Les gens me disent que ce n’est pas le but du jeu mais j’ai du mal à faire différemment. Mathias de Dionysos a le même état d’esprit. Il nous arrive un truc incroyable alors je pense qu’il faut que l’on donne de notre corps. Je suis malheureux si il n’y a pas un bordel total à mes concerts. En plus toutes ces traces me permettent de me rappeler de mes concerts de façon indélébile. Ce n’est pas un cliché. Je ne souhaite pas faire le malin et tromper mon monde.»
On parlait du café dans lequel je t’ai découvert, penses tu avoir encore la possibilité de le faire ?
Cali : «Je pense oui. Effectivement la machine est beaucoup plus grosse, au début nous étions 4 sur scène alors que maintenant nous partons à 17 sur la route mais j’ai des techniciens importants à chaque poste, la lumière sera plus belle, le son encore meilleur et j’espère que le tout sera encore plus agréable pour les gens. Le spectacle sera peut être un peu plus huilé mais je te promets d’y mettre autant de conneries qu’au commencement. On cassera le jouet, tu dois pas t’inquiéter. Ce n’est pas parce que mon équipe et moi avons de la chance qu’on va s’excuser de faire des grosses sales. Tu sais en plus, que j’ai suffisamment donné avant aussi… quand je faisais des concerts devant zéro personne payante, que je me promenais avec le camion dans toute la France…»
Là tu arrives facilement à remplir des Zéniths ?
Cali : «Au début de mon succès j’ai refusé d’en faire. Mais maintenant j’atteints la limite de ce choix car si tu ne fais pas une grande salle avec une seule date, tu es obligé de faire 4 soirs consécutifs dans la même salle : résultat : tu ne rentres plus chez toi et je veux essayer de profiter des miens.»
Je présume qu’il y a des marloux qui utilisent ton succès pour se faire de l’argent ?
Cali : «Attends, j’ai vu sur le net un album de Tom Scarlett qui était vendu 75 euros ! Tu ne peux plus contrôler. Ce qui me fait chier ce sont les gars qui vendent des maquettes que j’ai faites il y a 10 ans. Je suis nul en technique et j’ai enregistré à droite et à gauche. C’est salaud de vendre une maquette : tu veux pas que ton bébé sorte à poil dans la rue !»
On te connaissait pour ton travail perso et voilà qu’on te retrouve en parolier et compositeur sur le dernier album de Dani, tu as aussi composé « Pour Jane » destiné à « la Birkin », donc des femmes, est ce plus facile de chanter ses mots ou de faire rentrer ces mêmes mots à une interprète féminine ?
Cali : «J’écris souvent même pour moi à des femmes. Les gens qui chantent mes mots ce sont des chansons que je pourrais chanter. Je serais incapable d’écrire en fonction de la personne en face de moi.»
Ma tante, qui est une femme charmante du sud ouest me parlait un jour de ta façon particulière de tenir ta guitare lors d’une émission de télé… selon elle tu jouerais « à l’envers » alors, a t’elle raison ou as tu par provocation joué un play-back ?
Cali : «Je suis gaucher ! je joue comme Paul Mc Cartney même si je suis pas fan de sa musique (rire). Je joue de la main gauche, je tape du pied gauche… et… et je vote à gauche ! (rire) »
Tu sembles avoir un gros problème avec non seulement les culottes mais sur ce dernier disque avec les petits bouts de tissu sur de jolis culs, alors plutôt string, culotte ou boxer ?
Cali : « Bon j’ai horreur des strings ! j’ai horreur de ça. Il se trouve que le père de ma chérie est designer de lingerie sur une marque qui s’appelle « L’homme Invisible ». Un truc gay.»
Est ce que Maitena Biraben pose de meilleurs questions que moi ?
Cali : «Putain attend elle est gentille ! c’est une déconneuse grave même pendant les arrêts pubs. Y a des gens qui s’engueulent comme des clébars sur le plateau du genre la bande à Ruquier et qui se sourient dès qu’ils sont à l’antenne. J’ai été surpris par certains : Nagui ou Guillaume Durand par exemple. Ce ne sont pas des mecs qui dès la fin de l’émission t’envoient chier. Ils viennent te parler de manière sympathique.»
Ma dernière question Bruno, on m’a dit que tu allais composer le prochain album de Johnny ?
Cali : (étonné) « Je suis pas au courant ?»
C’était juste une question de menteur pour te montrer que moi aussi je savais tromper !
Cali : (Rire) «Tu as vu sa pochette ? et son titre ? moi je sors « Menteur » et lui « Ma Vérité » 2 mois après, tu regardes la photo c’est la même que la mienne. Merde ! il me connaît sûrement pas mais quand même… bonjour les idées ! (rire)»
C’est très drôle, surtout quand on sait que tu te posais la question de combien de jours à la mort de Johnny ?
Cali : «On va éditer des autocollants ‘Menteur’ et le but du jeu c’est que les gens les prennent et les collent partout. Par exemple sur tous les albums de Johnny dans les magasins ou dans un kiosque sur la tronche de Sarkozy. Après ils pourront montrer leurs exploits sur mon site internet.»
Pierre DERENSY |